LES LIVRES QU’ON BRÛLE, L’AFFAIRE REUCHLIN
Par Jean-Christophe Saladin – Historien
Discutante : Léonore Bazinek – Chercheuse associée au laboratoire ERIAC, université de Rouen Normandie
En 1508, un juif converti nommé Pfefferkorn lance une campagne de confiscation des livres des juifs. Soutenu, il obtient l’aval de l’empereur Maximilien pour les brûler. Ce dernier se ravise et soumet la question « Faut-il brûler les livres des juifs ? » à une commission de théologiens.
Tous approuvent, sauf l’humaniste Johannes Reuchlin. Pfefferkorn dénonce alors Reuchlin dans un pamphlet (Handtspiegel). Celui-ci riposte avec l’Augenspiegel (Besicles, 1511). Il est poursuivi et condamné, son livre est brûlé, mais le pape Léon X le protège. S’ensuit une série de procès, appels, cassations et révisions, aboutissant à sa condamnation finale en 1520, une semaine avant celle de Luther, tandis que les humanistes les plus importants (Érasme, Hutten) se lancent dans une vigoureuse bataille de pamphlets pour le défendre.
500 ans après la mort de Reuchlin, son Augenspiegel est enfin traduit en français et publié aux éditions des Belles Lettres dans la collection « Le miroir des humanistes », sous la direction de Jean-Christophe Saladin. Un héros de l’humanisme militant revient à la lumière.